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Libération
Reportage

Mort à crédit, le prix de l’engrenage

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Jacques Schnegg doit rembourser plus de 200 000 euros de dettes après le suicide de sa femme. En trois ans, elle avait contracté 27 prêts différents.
publié le 30 décembre 2010 à 0h00
(mis à jour le 2 janvier 2011 à 15h43)

Ces jours-ci, les organismes de crédit étaient en surchauffe. Il fallait bien faire plaisir pour les fêtes, même sans le sou. Jacques Schnegg, lui, signe des chèques à tour de bras. Depuis le 31 mai, il est officiellement surendetté et rembourse chaque mois 1 156 euros, une somme fixée par la Banque de France, à quatorze sociétés de crédit. Des dettes contractées dans le plus grand secret depuis 2006 par son épouse, Claudine. Etranglée par les remboursements, elle s'est donné la mort en août 2009, à 48 ans. Alors qu'il ne s'était jamais occupé de l'argent du couple, Jacques Schnegg, 54 ans, note maintenant minutieusement sur un grand tableau coloré les sommes (75 euros, 17 euros, 34 euros, etc.) qu'il verse tous les mois. Et prie pour que les négociations avec ses créanciers entamées par son avocat, Me Franck Vouaux, lui évitent de rembourser les 207 639,68 euros contractés par sa femme.

Compte commun. Ce mercredi 27 août 2009 s'achève paisiblement. Vers 17 heures, Jacques Schnegg part courir avec son beau-frère dans la campagne entourant Dieulouard, à 25 kilomètres de Nancy. En revenant, il bavarde avec sa femme, évoque les balades qu'ils feront, le week-end suivant, sur la crête des Vosges. Le midi, ils sont allés au restaurant à Pont-à-Mousson. C'est agréable. Ils ont quatre grands enfants, vont bientôt fêter leurs trente ans de mariage. Ils ne roulent pas sur l'or, seulement en Citroën AX, mais tout va bien. Leur vie semble si normale. Leur mod