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TRIBUNE

Pourquoi n’y a-t-il pas de chasse-neige en Bretagne ?

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par Benoît Duteurtre, Ecrivain
publié le 30 décembre 2010 à 0h00

La sévérité des conditions météorologiques au mois de décembre n’aura pas seulement provoqué nombre d’embouteillages, de retards de trains et d’avions, sans parler des souffrances de ceux qui survivent dehors, dans la tiédeur d’une bouche d’aération. Cet hiver précoce, avec ses chutes de neige puis son froid glacial, a soudain révélé le désarroi de notre société hypermoderne devant ce phénomène assez simple, encore familier à nos grands-parents, qu’on appelait autrefois l’hiver. L’ancien monde allait ainsi : chaque année, à partir de novembre, il fallait s’apprêter à endurer plusieurs mois d’intempéries, rarement prévisibles dans leurs moindres détails. Oublieux de cette mémoire, les citoyens commençaient à accepter l’idée du «réchauffement climatique». Cette fin 2010 leur a rappelé la fragilité d’un monde formaté, organisé, protégé, informé jusqu’à l’obsession, mais prêt à s’effondrer au moindre dérèglement, comme si le ciel lui tombait sur la tête.

Cette société, en effet, met un point d'honneur à veiller avec une attention maniaque sur les conditions de sécurité. Attentive à toutes les menaces potentielles, venues d'un virus grippal ou de kamikazes barbus, elle ne saurait admettre que quelque chose lui échappe. Année après année, elle a multiplié les normes de protection hygiéniques et sanitaires. L'embarquement dans un avion s'est transformé en calvaire de fouilles et de contrôles. Dans mon village des Vosges, une récente réglementation a contraint la mairie à édifier des