Le football, et le sport en général, est un angle mort des politiques publiques. Beaucoup s’en félicitent, les gouvernements n’ont pas à se mêler des affaires du ballon rond. Le football comme entreprise de spectacle relève du marché et des acteurs économiques. Pour le reste, la promotion des «valeurs sportives», c’est le mouvement associatif qui le prend en charge. Dès lors, les incursions du politique dans le football ne sauraient relever que de la récupération. Nous affirmons au contraire que le sport doit faire l’objet d’une politique publique.
En effet, si le football est un business (plus de 4 milliards d’euros en France), il nécessite une régulation publique urgente. Le modèle économique des clubs professionnels, à l’échelle européenne, est au bord du gouffre. Avec la dérégulation imposée par l’arrêt Bosman (1995), qui a notamment mis fin aux quotas de joueurs étrangers par club, les transferts ont explosé, et avec eux le niveau des salaires : le salaire moyen en Ligue 1 française dépasse les 50 000 euros mensuels et les stars européennes gagnent des centaines de milliers d’euros par semaine. Les recettes commerciales, malgré un bond vertigineux (droits télévisuels notamment), ne suffisent plus.
Pour boucler les budgets, les clubs recourent à trois expédients. Un : la spéculation sur le prix des joueurs. Tant que le marché est à la hausse, les clubs engrangent des plus-values. La hausse est entretenue artificiellement : par les clubs, qui y ont tous intérêts ; par les a