Après sept années à la direction de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), je vais bientôt quitter cet établissement public dans le contexte d’une crise sans précédent, celle du Mediator, médicament dont j’ai suspendu l’autorisation de mise sur le marché en novembre 2009 après avoir retiré une de ses deux indications en juin 2007. Malgré la gravité de l’ébranlement actuel, je veux dire ma fierté d’avoir dirigé cet organisme public et ma reconnaissance envers ses équipes compétentes et dévouées à la santé publique. Mais comment nier que cette fierté est ternie par ce que nous apprend l’analyse de l’historique du Mediator ? Et comment ne pas être taraudé par une interrogation lancinante sur ce qui aurait pu et dû être fait pour que l’usage et le mésusage de ce médicament cessent plus tôt ?
Il n’est pas équitable de balayer tout souvenir des trains sanitaires qui sont arrivés à l’heure. Nous devons cependant nous interroger sans complaisance ni tabou sur les changements nécessaires. Et faire l’exercice en ne cédant ni à des réflexes de défense institutionnelle ni au contraire à la tentation de focaliser la critique sur un seul organisme public dans une affaire ou plusieurs catégories d’acteurs doivent aujourd’hui se poser la question des enseignements à tirer sur leurs propres pratiques.
Il faut tout d’abord éviter de céder au mirage des restructurations. L’Etat ne pourra pas se passer d’un organisme public tel que l’Afssaps, à la fois proche du