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Mediator : un cardiologue tire sur le labo Servier

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Le Pr Bernard Iung accuse le laboratoire d’avoir dénaturé la présentation de son rapport de 2009 sur les dangers du médicament, afin d’éviter son retrait.
Une boîte de Mediator, à Brest le 18 novembre 2010. (AFP Fred Tanneau)
publié le 13 janvier 2011 à 0h00

Servier a-t-il sciemment manipulé la présentation d'une étude cruciale sur les effets de son Mediator dans le but de maintenir coûte que coûte son médicament sur le marché ? C'est ce que révèle à Libération le professeur de cardiologie Bernard Iung, auteur d'une étude qui démontre le lien de causalité entre le Mediator et les valvulopathies. Des résultats qui ne l'ont pourtant pas empêché de défendre devant l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) que «les propositions du laboratoire» visant à maintenir malgré tout le Mediator sur le marché «sont adéquates». La contradiction avait choqué plusieurs cardiologues interrogés parLibération.

Commandité. L'histoire commence en juillet 2009. A la suite des alertes lancées par la pneumologue Irène Frachon, l'Afssaps demande à Servier de réaliser une étude de cas. Le labo fait logiquement appel à Bernard Iung, un des meilleurs spécialistes français des atteintes aux valves du cœur. L'Afssaps l'avait d'ailleurs déjà sollicité pour une étude similaire sur le lien entre valvulopathies et médicaments antiparkinsoniens. Le Pr Iung est rémunéré «5 000 euros» par Servier, tarif habituel pour ce genre d'étude. «Je ne regrette pas d'avoir été commandité par le labo car le problème était mal connu et je souhaitais y apporter une réponse de la manière la plus honnête et la plus rigoureuse possible», dit-il.

Le cardiologue analyse les dossiers m