Un labo «qui a roulé dans la farine» les experts ; une police sanitaire «inexplicablement tolérante», une agence «aveugle». Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur le Mediator, publié samedi, est d'une extrême sévérité. Pendant des décennies, un médicament a donc été prescrit alors qu'il aurait dû être retiré du marché dès 1999. Autopsie d'un désastre.
Servier, trente-cinq ans de «désinformation»
La mission de l'Igas était limitée aux défaillances du système de santé. Le rapport commence pourtant par un réquisitoire contre Servier, qui a «roulé dans la farine» les autorités sur la véritable nature du Benfluorex (molécule du Mediator), et cela avant même sa commercialisation en 1976.
Les enquêteurs dissèquent comment le labo a délibérément caché que son produit était un anorexigène (coupe-faim) dérivé des amphétamines pour tenter «sans relâche» de le faire reconnaître, à tort, comme antidiabétique. Une «stratégie» qui a «très largement» contribué à son retrait si tardif.
Pour l'Igas, il suffit pourtant de lire les publications scientifiques de Servier du début des années 70 pour découvrir le pot-aux-roses. Les chercheurs du labo y expliquent comment leur travail sur les coupe-faim amphétaminiques a accouché de trois cousins de la famille des fenfluramines : le Pondéral, l'Isoméride et le Mediator. Ce dernier est décrit comme «un anorexigène très puissant» dont le