C'est une discrétion qui en dit long. A Paris, les membres du clan Ben Ali préféraient faire figurer le nom de la société civile immobilière (SCI) propriétaire de leur appartement plutôt que leur nom de famille dans l'annuaire, ou sur l'interphone. Des noms de code, presque de clandestinité : Nes, Florus, ou «Elisée Champs de Mars». Libération a identifié ces adresses, dont une au moins pourrait compter parmi les «biens mal acquis» de l'ancien pouvoir tunisien : celle de l'une des filles Ben Ali. Mercredi, la justice tunisienne a ouvert une enquête pour «acquisition illégale de biens», «placements financiers illicites à l'étranger» et «exportation illégale de devises». En France, la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a annoncé une «action très ferme», mais le gouvernement n'a mis en place qu'une surveillance des actifs bancaires. Et du bout des doigts. «On nous recommande une vigilance renforcée, mais il ne s'agit pas d'un gel des avoirs, explique un banquier. La loi nous contraint déjà à surveiller spécifiquement les personnes politiquement exposées non-résidentes, les "PPE NR", et leurs familles».
«prête-noms». Le gel nécessite un décret. Pour l'heure, les banques ont l'obligation de signaler les mouvements suspects. L'Etat dispose de quarante-huit heures pour exercer un blocage administratif et saisir, le cas échéant, les autorités judiciaires. Jugeant ces mesures «insuffisantes»