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grand angle

Arabes de France. La révolutionen face

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Comment voit-on, dans la communauté d’origine maghrébine, l’embrasement populaire survenu de l’autre côté de la Méditerranée ? Cinq habitants de Roubaix témoignent.
publié le 15 février 2011 à 0h00

Le régime de Ben Ali est tombé. Moubarak est parti. Et en Algérie, Bouteflika est sur la défensive. Qu’en dit-on dans le quartier de l’Epeule à Roubaix (Nord) entre les vitrines chargées de pièces de satin et robes de velours, les boutiques de téléphonie, les salons de thé, les quatre boucheries halal, la mosquée Bilal, le tout à 600 mètres de Croix, la ville des Mulliez, la famille fondatrice du groupe Auchan, l’une des premières fortunes de France.

Lhoussain Tament, commerçant «Un boomerang qui va nous faire le coup du lapin»

Lhoussain Tament, Français d'origine marocaine, a 40 ans. Il est commerçant «dans les télécoms». Et insiste d'emblée : «Je suis roubaisien, hein, pure souche avant tout.» Ses phrases sont minces et coupantes. «L'éclat des révolutions nous arrive ici en France et va étoiler notre belle vitrine démocratique. C'est un boomerang qui survole la Méditerranée et va nous faire le coup du lapin car la révolution va aussi nous toucher. Ici aussi le pouvoir appartient aux mêmes : ceux qui ne voient pas la pauvreté à leur porte.»

Lhoussain Tament joue avec ses téléphones devant un café-crème : «Nous regardons avec ce petit frisson les régimes dictatoriaux tomber. C'est comme un feuilleton avec, chaque jour, des révélations sur ces régimes terribles. Mais que se passera-t-il quand les projecteurs vont s'éteindre ?» Et d'avancer la réponse : «La presse se lassera et passera à autre chose.»

Sur le rôle de la