L’affaire du Mediator, dit-on, est un scandale typiquement français, mettant en cause un patron de laboratoire, des réseaux d’influence et un système de pharmacovigilance bien de chez nous. Est-ce bien le cas ? On oublie un peu vite que le laboratoire Servier a 140 succursales à travers le monde et réalise 82% de son chiffre d’affaires à l’étranger. On oublie aussi que l’affaire du Mediator n’est jamais que la répétition d’une affaire quasiment identique impliquant Servier aux Etats-Unis et au Canada : le scandale dit du «Fen-Phen», «Fen» désignant la fenfluramine, un anorexigène (coupe-faim) vendu par Servier depuis le milieu des années 60 sous le nom de Ponderal en Europe et Pondimin aux Etats-Unis. La fenfluramine provoquant somnolence et dépression, elle a commencé, au début des années 90, à être administrée aux Etats-Unis en association avec une amphétamine contrebalançant ces effets, la phentermine - d’où la désignation Fen-Phen.
Le Fen-Phen a tout de suite eu un énorme succès comme traitement amaigrissant, mais le brevet de la fenfluramine arrivait à expiration. C’est alors que Servier a décidé de s’associer avec les laboratoires Wyeth-Ayerst et Interneuron pour demander une autorisation de mise sur le marché (AMM) auprès de la Food and Drug Administration (FDA) américaine pour une autre molécule anorexigène, la dexfenfluramine, sous le nom de marque Redux. Or cette dexfenfluramine n’est en réalité rien d’autre que la moitié active de la fenfluramine. C’est elle que Se