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Libération
en ville

L’appel du pied

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publié le 19 février 2011 à 0h00

Ala campagne, on prend tout le temps sa voiture. Et on râle parce que les gendarmes mettent des PV à ceux qui, traversant seulement la place, oublient de boucler leur ceinture. En entendant cette plainte à la boulangerie, l'urbain de passage pense in petto qu'ils n'ont qu'à y aller à pied, de l'autre côté de la place. On sent bien qu'il vient de la ville, le critiqueur.

En ville, on marche. Le piéton est le héros moderne des grandes cités. L’aménagement urbain, autrefois dédié au tout automobile, est désormais centré sur cette petite personne à deux pattes. Pas une agglomération qui n’ait un projet pour transformer en boulevard civilisé une de ces voies express qui faisaient la fierté des élus il y a trente ans. On élargit les trottoirs. La zone piétonne pure et dure est un peu passée de mode, mais les décideurs lui préfèrent désormais la «zone de rencontre», vaste espace sans trottoir où le piéton est roi. Les conducteurs n’ont qu’à faire gaffe pour ne pas en culbuter un.

Même à la RATP, qui gère les bus et les métros parisiens, Georges Amar, responsable de la prospective, pense que «la marche, c'est l'avenir du transport urbain». Certes, un jour de grève, des petits malins ont rebaptisé la régie «Rentre avec tes pieds». Finaud. Mais le raisonnement du prospectiviste dépasse un peu cette conjoncture. «La marche, ça contient tout le reste», expliquait-il lors d'un colloque dont la vidéo figure sur le site InnovCity. Il rappelle, évidence un peu oubli