Elle a quitté un chic immeuble du VIIIe arrondissement de Paris pour installer son cabinet à deux pas du palais de justice de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Dans son bureau, Julie Launois-Flacelière croule sous les dossiers. Deux cents ? Deux cent cinquante ? Elle-même l'ignore. Avocate depuis 2001, cette pénaliste s'est peu à peu orientée vers le droit des étrangers. Depuis trois ans, elle va plaider devant les tribunaux la cause des Roms roumains expulsés de leurs terrains ou du territoire national. Très technique et guère lucrative, cette spécialisation compte peu d'adeptes. En Ile-de-France, ils sont une dizaine d'avocats à défendre le droit de ces citoyens européens, sous la menace permanente d'une reconduite à la frontière. Lorsqu'elle nous reçoit, Julie Launois-Flacelière est au téléphone, en plein compte rendu avec une consœur : «Il y a une solidarité professionnelle, on s'échange les dossiers, les tuyaux ou les jurisprudences.»
«Pas de sens». Le bilan de la journée est moyen. Au civil, elle a reçu un délibéré négatif au sujet d'un terrain de Roms, démantelé à Tremblay-en-France (Seine-Saint-Denis). L'affaire la scandalise. Cet automne, des militants découvrent un campement de fortune installé depuis août dans le bois du Vert-Galant. Ils sollicitent un rendez-vous avec le maire communiste, François Asensi, afin de mettre en place un accompagnement. En réponse, l'élu fait valoir qu'en raison des «conditions de vie indignes» e