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Roms : les mots changent, pas les expulsions

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Officiellement, Brice Hortefeux ne veut pas stigmatiser la communauté. Mais les chiffres et la politique du gouvernement sur le terrain contredisent son discours.
publié le 21 février 2011 à 0h00

«Nous ne lâchons rien.» Le volontarisme semble intact, le ton nettement plus policé. Sept mois après le discours présidentiel de Grenoble, Brice Hortefeux a défendu le bilan de la politique gouvernementale à l'égard des Roms dans un entretien au Parisien, vendredi… sans prononcer le mot «Rom». Selon le ministère de l'Intérieur joint hier par Libération, cela s'explique par «un souci de ne stigmatiser aucune communauté».

Bizarrerie. C'est donc au nom du «respect de la loi» etdu «droit de propriété» que Brice Hortefeux a justifié la poursuite d'une action liée quelques mois plus tôt aux «problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms». Ces soudaines précautions de langage rendent sibyllins les chiffres annoncés. Selon le ministre, 70% des 741 campements illicites recensés au 30 juillet ont été démantelés et 3 741 personnes reconduites dans leur pays d'origine. Après information, les terrains démantelés concernent Roms et non-Roms tandis que les reconduites font uniquement référence aux citoyens roumains et bulgares.On peut s'étonner que ces chiffres soient mis en parallèle quand «personne n'est visé». Autre bizarrerie, le ministère parlait jusque-là de 600 campements illicites répertoriés. Les 741 évoqués lors de l'entretien incluent-ils de nouveaux terrains illégalement occupés depuis cet été ? Le ministre de l'Intérieur reconnaît d'ailleurs que «des cam