«Un manque d'humanité, au minimum.» Charles-Joseph Oudin est l'avocat de Mme Cordoba, 57 ans, gravement malade après avoir pris pendant deux ans du Mediator. Depuis 48 heures, sa cliente est entre la vie et la mort : samedi, elle a fait un arrêt cardiaque. «On venait de terminer quatre heures d'expertise que nous avait imposées Servier, dit-il. Mme Cordoba reprenait son train pour Brest, et moi pour Paris. Quelques instants plus tard, je vois un pompier courir sur le quai avec un défibrillateur cardiaque. C'était pour Mme Cordoba.» Il se tait. «Je ne dis pas qu'il y a un lien direct avec son interrogatoire par l'expert, ni avec le test d'effort qu'elle venait de subir. Mais cela était-il nécessaire ?»
«Violence procédurière». Mme Cordoba est une de ces 300 patientes à avoir porté plainte contre le laboratoire fabriquant le médicament retiré du marché en 2009 en raison de risques cardiaques. Son histoire ressemble à toutes les autres. En 2006, cette caissière en Bretagne n'est pas en forme. Un peu de déprime, une prise de poids, et sa généraliste lui prescrit du Mediator. Quelques mois plus tard, une échographie cardiaque pointe une petite fuite mitrale.
«C'était nouveau, car en 2005 elle avait fait une écho cardiaque tout à fait normale», raconte Irène Frachon, cette pneumologue de Brest qui a révélé le scandale du Mediator. Mme Cordoba continue pourtant à en pr