C’est un curieux clin d’œil de la justice. A l’approche de la comparution, lundi, de Jacques Chirac devant le tribunal correctionnel, les ennuis commencent vraiment pour son ancien rival Edouard Balladur. Saisis en décembre d’une information judiciaire sur les marchés d’armement signés par son gouvernement entre 1993 et 1995, les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire ont accumulé depuis un mois plusieurs pièces et témoignages qui corroborent les soupçons d’un financement illicite de sa campagne présidentielle de 1995. Les déclarations de l’ex-Premier ministre, de son ancien ministre de la Défense, François Léotard, et du principal intermédiaire de ces marchés, l’homme d’affaires Ziad Takieddine, sont aujourd’hui contredites par l’enquête.
Le faux-pas de Balladur
Le 15 février, René Galy-Dejean, l'ancien trésorier de campagne, a contesté devant le juge Van Ruymbeke la version donnée par Balladur sur les fonds en liquide reçus lors de sa campagne présidentielle. En 1995, l'examen de ces comptes par le Conseil constitutionnel avait fait apparaître le dépôt en un seul versement d'une somme de 10 250 000 francs. Balladur a expliqué à la mission parlementaire sur l'attentat de Karachi que «les sommes déposées en espèces provenaient des collectes effectuées dans les centaines de réunions publiques et de la contribution personnelle de tous ceux qui soutenaient [sa] campagne». Entendu comme «témoin assisté», Galy-Dejean s'inscrit en faux. Ainsi