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Libération
Interview

«Rien ne permet de parler d’une invasion»

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Catherine Wihtol de Wenden, spécialiste des migrations :
publié le 5 mars 2011 à 0h00

Catherine Wihtol de Wenden est directrice de recherche au CNRS, docteur en sciences politiques et spécialiste des migrations internationales.

Faut-il craindre des flux migratoires «incontrôlables» suite aux révolutions arabes, comme le redoute Sarkozy ?

La Tunisie n’est pas un pays très peuplé. Et si les Tunisiens ont fait la révolution, c’est qu’ils en attendent quelque chose. Ceux qui partent sont ceux qui vivaient un peu du système Ben Ali sans en être réellement proches, comme les commerçants ou ceux dont l’activité est liée au tourisme. Cette catégorie fragilisée peut avoir l’impression que la situation ne lui est pas favorable. Mais aucun élément ne permet de dire qu’il va y avoir une invasion.

La France est-elle la première destination des Tunisiens ?

Déjà, la migration tunisienne n’est pas très importante, elle représente le tiers des migrations algérienne et marocaine. Les trois pays de destination essentiels des Tunisiens sont Malte, la Sicile et la France. La plupart des métiers de la pêche, en Italie, sont occupés par des Tunisiens, car ils sont jugés insuffisamment rentables par les Italiens.

Quid des Egyptiens ?

Pour les Egyptiens, la France n’est pas un pays de destination, ou très marginalement. Les Egyptiens vont beaucoup plus en Italie. Pour l’instant, j’entends surtout parler d’Egyptiens travaillant en Libye qui cherchent à rentrer chez eux.

Kadhafi menace d’ouvrir les vannes de l’immigration illégale vers l’Europe, faut-il s’en inquiéter ?

Ces migrants étant sans papiers, on ne connaît pas le nombre de ceux en transit par la Libye. Tripoli s'était fait une virginité, se posant en bouclier contre l'immigration clandestine. Du coup, le nombre des migrants passant par son territoire s'était considérablement réduit. La situation actuelle, et le risqu