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Libération

De souillure en soutane

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Dans les archives de «Libé», il y a trente et un ans. «Deux marées noires d’un coup», voilà comment «Libération» titrait le 15 mars 1980. En Bretagne, le pétrole englue alors la côte de Trégastel. A Rome, des bruits courent sur le retour de la robe ecclésias-tique.
publié le 12 mars 2011 à 0h00

Soutane, quel joli nom, qui commence comme soupir et finit comme Gitane ! Ah, les envols de serge noire au ras des parvis, flamencos nostalgiques du vrai bon temps, celui où les hommes de Dieu s'habillaient en femme pour qu'on ne s'y trompe pas ! Reprise de la presse italienne, une nouvelle a fleuri hier, aussi éphémère qu'une rose de nuit : «Le pape ordonne le retour à la soutane.» Hélas, notre enthousiasme collectif à Libération fut vite douché : la rumeur romaine, qui existe bel et bien, était trop belle pour être vraie. A l'image donc des momeries catholiques.

Lancée par Paese Sera, journal paracommuniste et donc nullement anticlérical, reprise par le Corriere della Sera, journal sérieux, la rumeur annonçait l'imminente publication, par la Congrégation du clergé (service du personnel de l'entreprise multinationale catholique) de deux documents impératifs : retour à la soutane pour les prêtres, exclusion des ouailles féminines des divins services. On remarquera tout de suite que ces deux documents sont logiquement reliés entre eux : si les curés se féminisent et se transvestissent, à quoi bon les jupons-pour-de-bon au milieu des saints offices ?

Quoique la nouvelle n’ait pas été officiellement démentie, elle est peu crédible. Malinski Mieczysk, ami personnel du pape et membre de son staff directorial, confiait à des journalistes ita1iens que ni l’une ni l’autre nouvelle n’était exacte. Habillé lui-même en clergyman, cette demi-mesure vestimentaire