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Tribune

Disparition d'Agnès le Roux: la lettre ouverte d'un avocat de Maurice Agnelet

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par Par Jean-Pierre Versini-Campinchi, avocat
publié le 14 mars 2011 à 14h50
Cette semaine, Maurice Agnelet doit déposer une requête en révision devant la Cour de cassation contre sa condamnation à vingt ans de réclusion criminelle pour l’assassinat d’Agnès Le Roux, l’héritière du casino niçois Le Palais de la Méditerranée.
Base de la requête: les déclarations d’un ancien voyou de la French Connection, Jean-Pierre Hernandez, qui, dans un livre récemment publié, l’innocente en soutenant qu’un de ses «amis» a liquidé sur ordre Agnès Le Roux, disparue à 29 ans, en 1977. Hernandez désigne un certain Jeannot Lucchesi, qui lui aurait fait cet aveu en 1987 avant de décéder. Ces déclarations en forme de rebondissement ne font pour l’instant l’objet d’aucune enquête et la famille d’Agnès Le Roux n’y croit pas: elle a toujours estimé Agnelet coupable, et a qualifié de «manipulation » les affirmations de Jean-Pierre Hernandez.

La justice, elle, a, en trente ans, beaucoup louvoyé: Agnelet a été tour à tour été épargné pendant les premières années d'enquête, puis inculpé de meurtre en 1983, avant d'être innocenté par un non lieu en 1986. Quinze ans plus tard, en 2000, il a été à nouveau mis en examen. Renvoyé aux assises, Maurice Agnelet a été jugé et acquitté en 2006 à Nice.

Après appel du parquet, il a été condamné à Aix-en-Provence en 2007, soit trente ans après les faits, pour ce crime sans cadavre. Incarcéré depuis, Agnelet, 73 ans, a toujours clamé son innocence. Il a fait récemment une demande de libération conditionnelle.

Un de ses avocats, Jean-Pierre Versini-Campinchi, revient ci-dessous, dans une lettre ouverte à une des juges officiant lors de son acquittement en 2006, sur les derniers rebondissements.

M.H.

Affaire Agnelet: lettre à la dame qui a sauvé l’honneur de la magistrature

«Madame, vous êtes blonde, souriante mais sévère, comme sait l'être un magistrat qui a l'autorité de ceux qui, ordinairement, président des audiences. C'est tout ce que je connais de vous. Il n'est pas d'usage de présenter aux avocats les juges "assesseurs" silencieux qui encadrent, dans leur robe noire, le président de la cour d'assises dans sa robe rouge, aux côtés des jurés encore plus taisants, auxquels le Président a recommandé de n'exprimer ni humeur ni sentiment, mais juste de rester cois et atones des heures, pendant le cours du mois qu'aura duré le premier procès d'assises de Maurice Agnelet, à Nice, en décembre 2006.

«La salle est acquise à l’accusation, voilà en effet près de trente ans qu’on attend l’avocat, le notable, le franc-maçon, le soi-disant défenseur des droits de l’homme, le mari infidèle et menteur pour qu’il réponde de l’abominable, l’assassinat d’une jeune