C’est un homme de près de 70 ans. Responsable associatif, on devine que lui et toute sa famille ont été marqués par la maladie mentale de leur fille âgée, aujourd’hui de 40 ans.
«Cette loi est inutile. On n’évoque ni l’accompagnement du malade ni la question du logement. On ne traite que de la contrainte. Qui accompagnera les personnes sous contrainte ? Qui les logera ? Rien n’est dit. Le seul objectif, c’est la sécurité.
«Dans notre expérience, on sait bien que cela ne suffit pas. Il y a des moments où notre fille refusait ses médicaments, elle partait, puis elle fuguait. Elle revenait chez nous, et par deux fois, on a dû l'hospitaliser sous contrainte. Depuis maintenant près de huit ans, elle est hospitalisée à la clinique de La Borde [lieu historique de la psychothérapie institutionnelle, ndlr]. Elle y est bien, ils lui ont fait faire des progrès spectaculaires. J'ai appris plein de choses : quand on impose les soins, cela se retourne contre nous…
«Cette loi, en fait, me terrifie. On va traiter nos malades comme des chiens, je suis très choqué. Je ne dis pas cela par angélisme, je ne suis pas systématiquement contre la contrainte. Lors de quelques moments de crise, cela peut être utile mais cela ne suffit pas.
«Vous savez, en dix ans avec notre fille, on a vécu des galères, on a vu des horreurs. L’enfermement n’est jamais la solution. Et là, c’est ni fait ni à faire. Le logement, par exemple, il faut s’en préoccuper, c’est essentiel. Autrement, nos malades sont à la