Elle arrive, vêtue de noir et de blanc, sur une chaise roulante poussée par sa mère Arlette, en mauve. Corinne Pichelin, 44 ans, comparaît au tribunal correctionnel de Reims ceinte d'un corset pour «violence volontaires aggravées à l'encontre d'un agent du service public». Elle a un paquet de kleenex sur les genoux. Sa mère intervient souvent pour lui dire de se calmer. Pas loin sur le banc, Hervé, la trentaine : c'est l'agent EDF qui, en juin, est venu à son domicile lui couper l'électricité. Silencieux sur sa chaise.
Chien aveugle. Corinne devait environ 300 euros à EDF. Le Ccas (Centre communal d'action social) devait prendre en charge les deux tiers. L'agent n'aurait, selon Corinne Pichelin, rien voulu savoir. «Il m'a dit : "Je coupe je coupe je coupe !" lance Corinne de sa chaise. J'ai des problèmes de santé, mon chien est diabétique et aveugle. Dans le noir, comment je fais ? C'est une question de survie.» Alors, Corinne a disjoncté. Elle est «allée chercher le couteau, j'aurais pu aussi bien tomber sur une louche». On pourrait en rire. D'autant qu'elle se trompe. Répète, sous le coup de l'émotion : «Je suis allée chercher le courrier [pour couteau, ndlr]» ou «je suis restée sur mon palmier [pour palier, ndlr]». Elle précise : «C'était pour lui faire peur, qu'il me laisse mon téléphone. Dans le noir, sans musique, sans télé, je mettais fin à mes jours. C'était pas une parole en l'air, je vous jur