Ce matin-là, Clélia Richard était de permanence pour les gardes à vue. Le téléphone de la jeune avocate a sonné. «Je me permets de vous déranger, a dit la voix, pour une demande à la brigade de protection des mineurs, quai de Gesvres, à Paris. C'est une "première heure"…» Pour quelques semaines encore, Clélia Richard, comme tous les avocats français, va devoir faire avec : ils ne pourront intervenir qu'une demi-heure, à partir de la première heure de garde à vue, sans connaître les détails de l'affaire dans laquelle leur client est impliqué. Une garde à vue à l'ancienne, «à la française». Mais cet après-midi, le Parlement devrait entériner pour de bon la nouvelle loi sur la garde à vue qui a tant fait débat en 2010. Contraint par le Conseil constitutionnel qui avait jugé la garde à vue inconstitutionnelle cet été, le gouvernement a dû rédiger bien malgré lui un projet qui renforce la présence de l'avocat et le contrôle du procureur, oblige les policiers à informer du droit à garder le silence… mais qui prévoit aussi beaucoup d'exceptions.
Astérix. Dans la salle d'attente de la brigade des mineurs, il y a des jouets par terre, des garages en bois et un casque Astérix. Clélia Richard a trente minutes, pas plus, c'est la loi qui jusqu'à présent l'imposait, pour parler à son client du jour, un mineur de 14 ans accusé d'avoir forcé une fille à peine plus âgée à lui faire une fellation. «La première question qu'il m'a posée c'est : "Est-c