Claude Habid Maître de conférences en littérature à l'université Lille-I
La galanterie est une forme du respect. Elle relie les hommes aux femmes dans la proximité : on n’est pas galant dans l’abstrait. L’homme galant, c’est celui qui attire les suffrages du plus grand nombre de femmes. Plaire à toutes implique un effort d’excellence - c’est la motion zéro défaut du masculin. Cet effort est profondément inscrit dans la tradition française, même s’il se porte mal depuis la dernière guerre : il est culpabilisé comme machiste et discrédité comme rétrograde. La galanterie est un hommage du fort au faible. Si les femmes refusent d’être taxées de faibles, la place de l’hommage se rétrécit. En fait, elle n’a jamais été simple : instable, dès l’origine. Un jeune homme poli marque son respect aux vieilles gens en s’incommodant pour eux, un homme galant ne se contente pas de s’incommoder pour les femmes : il le fait mais il s’y plaît. Il se gêne, mais il s’amuse. Car c’est toujours aussi de désir qu’il s’agit. La galanterie instaure un climat général de flirt respectueux. C’est une érotisation sur le mode plaisant. Or c’est la meilleure socialisation du désir masculin qui n’ait jamais été inventée : il doit s’adresser aux femmes sous une forme qui les flatte. L’hommage et non la violence. Le sourire et non la pression. Le jeu, non-stop. Ce jeu a éduqué les Européens. Il leur a appris à se mettre à la place des femmes. C’est une immense r