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TRIBUNE

Comment respecter une personne qui n’a plus toute sa tête ?

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Points de vue d'Olivier Saint-Jean, chef du service de gériatrie de l’hôpital Georges-Pompidou et Rose-Marie Van Lerberghe, présidente du directoire du groupe Korian.
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publié le 15 avril 2011 à 0h00

Olivier Saint-Jean Chef du service de gériatrie de l'hôpital Georges-Pompidou

D’autres ont dit que les choses compliquées devaient être abordées avec des idées simples. Ce doit être le cas de notre sujet. «Qui n’a plus toute sa tête» est une expression qui reflète la représentation que l’on a du déclin cognitif dans une société. En vingt ans, celui-ci est passé du statut d’état lié au vieillissement, stade biologique peu harmonieux mais inscrit dans la logique des choses de la vie, à celui de la maladie la plus crainte par les Français et objet de politique publique. Il n’y a pas que du bon dans cela, notamment dès lors qu’ont pu être véhiculées des images systématiques noires de cette maladie, pas toujours conformes à sa réalité clinique. S’il convient de protéger celui qui n’a plus toute sa tête, il faut aussi le protéger des conséquences dévastatrices de cette étiquette.

Pouvoir aborder celui qui n’a plus toute sa tête suppose d’accéder directement à lui, en écartant des personnes si souvent bien intentionnées : son conjoint, ses enfants, ses soignants qui parlent de lui avec affection mais aussi à sa place. La parole qui n’a plus toute sa tête peut aussi être pleine de sens. Celui qui n’a plus toute sa tête retrouve souvent une nouvelle tête dont on ne peut nier la valeur. Parfois, cette nouvelle tête peut entrer en conflit avec l’ancienne. Que faut-il retenir : la parole de l’ancienne tête à travers des directives anticipée