Pas évident de faire le lien entre architecture et respect, thème du Forum Libé cette année. Quel est-il ?
Il y a beaucoup de liens. Quand on se demande si c’est beau, en architecture, on se demande en fait si c’est digne. Il y a beaucoup d’habitats. Quand on arrive à sa maison et qu’il n’ y a rien de gratifiant, comme dans les HLM, avec ces casiers superposés, ces petites portes, etc. ça ne vous respecte pas beaucoup. Si on prend les ensembles merdiques des années 60, les quartiers ne renvoient pas un bon sentiment d’appartenance. Dans ces ensembles, on est deux fois plus malade, deux fois plus chômeur. La citadinité et la citoyenneté ont aussi des rapports très étroits. Dans les quartiers, plus c’est moche et moins on vote. La question urbaine, quant à la question du lien social, est un enjeu démocratique. Beaucoup plus qu’on ne se l’imagine.
L’architecture peut-elle changer la société ?
En mal, oui. Dans l’architecture nazie, il y a une manière de réduire les gens à rien. Dans les architectures totalitaires, on est de la merde. Et les banlieues vous donnent ce sentiment aussi aujourd’hui. Vous êtes un élément absolument anonyme. Barre B, appartement 12 : touché coulé. C’est un accablement quotidien.
Elle peut aussi la changer en bien ?
Bien sûr. L’architecture, c’est réussi quand on a l’impression d’être avec les autres et en même temps soi-même. A Lorient, on a réussi à prendre le quartier le plus moche de la ville et on en a