Une vitrine au rez-de-chaussée d'un imposant bâtiment, sérigraphiée Comptoir du tabac des Gaves. Nous sommes à Navarrenx dans les Pyrénées-Atlantiques, plus connu pour être la capitale mondiale de la pêche au saumon. Derrière la vitre, si l'on s'approche assez près, on aperçoit Mauri Guevara concentrée sur son travail, derrière une grande table en hauteur. Cette Cubaine est torcedora, «rouleuse de cigares». Grâce à elle et à quatre de ses compatriotes, l'unique cigare français est aujourd'hui en train de renaître de ses cendres. La production du Navarre, cigare de luxe élaboré dans le Béarn, au pied des Pyrénées, a redémarré depuis quelques mois seulement, après l'échec d'une première tentative en 2009.
C'est Thierry Frontère qui a repris la manufacture de cigares de Navarrenx. Béarnais d'origine, il venait de vendre son petit groupe de presse lorsque l'opportunité de racheter l'entreprise s'est présentée. «C'était un vilain dossier, se souvient-il, mais l'enthousiasme de Christophe Congues, le jeune producteur de tabac qui s'était lancé dans l'aventure, m'a donné envie de relever le défi. Pour que la production redémarre, le problème majeur, c'était la compétence. On ne s'improvise pas fabricant de cigares.» Thierry Frontère se met alors en tête de retrouver les employés cubains que les précédents propriétaires avaient embauchés. Il est convaincu que sans eux rien n'est possible car le produit est exigeant. «Les anciens patrons avaient vu grand