Il ne marche pas sur l'eau, ne multiplie pas les pains, n'a même pas une tête d'illuminé. Pas la moindre petite auréole qui le ferait dépasser du rang à l'église, on avoue une légère déception face à ce miraculé très discret. Pardon, on ne dit plus miracle en vocabulaire ecclésiastique, trop galvaudé. On dit «guérison remarquable» pouvant «être considérée comme un don personnel de Dieu», dixit l'évêque d'Angers, qui vient de très officiellement reconnaître l'une de ses ouailles, Serge François, comme le 68e miraculé de Lourdes. Dans la catégorie lève-toi et marche : partiellement handicapé d'une jambe, il s'est mis à gambader du jour au lendemain après moult prières et ablutions dans la grotte de Bernadette Soubirous. Grotte qu'il a reconstituée en modèle réduit dans son jardin, avec Sainte Vierge en faïence. Car oui, précision liminaire à l'usage des non-croyants, pour prendre un tout petit peu au sérieux ce qui suit, il va falloir mettre un trait d'eau bénite dans son vin de messe. A défaut, se résoudre à l'inexplicable. «Il y a un avant et un après, c'est incontestable. Apporter une explication scientifique serait présomptueux, mais nier l'évidence serait une bêtise», constate aujourd'hui son rhumatologue pré- et postmiracle.
L'affaire, en réalité, remonte à 2002. Il aura fallu des années d'instruction au collège d'experts ès guérisons pour l'authentifier. Notons qu'il était temps pour Lourdes et ses 6 millions de visiteurs par an, la