Antoine Guggenheim est prêtre, docteur en théologie, et directeur du pôle de recherche du collège des Bernardins à Paris, «lieu de recherche et de débat pour la société», qui a ouvert ses portes en 2008 à l'initiative du cardinal Lustiger. Il analyse le nouveau désir de visibilité de l'Eglise catholique aujourd'hui en France.
Les catholiques veulent-ils être plus visibles et audibles dans la société aujourd’hui ?
Notre civilisation est un peu narcissique, si on n’est pas visible, on n’existe pas, il faut voir et être vu. Dans le passé, le catholicisme a été très visible mais il s’y est un peu brûlé les ailes et les doigts ! En même temps, il y a toujours eu, chez nous, une tension entre la visibilité et l’intériorité. Les cathédrales disent quelque chose du mystère de Dieu. Elles expriment par leur architecture quelque chose d’un mystère plus grand que nous. L’intérieur, le plus intime, peut également se traduire par une action sociale visible.
Êtes-vous d’accord avec la déclaration du cardinal Tauran lorsqu’à la question «Comment a fait Dieu pour revenir dans nos sociétés ?», il a répondu : «C’est le grand paradoxe : grâce aux musulmans» car ce sont eux qui «ont demandé de l’espace pour Dieu dans la société» ?
Je dirais que c’est mai 1968 qui a fait revenir Dieu. En proclamant le retour de l’Esprit et la fin du marxisme monolithique. Je crois que ça peut se démontrer. Un seul nom : Philippe Sollers ! Dieu revient, mais différent, mort et ressuscité !
L’ouverture du collège des Bernardins répondait-elle à une volonté de visibilité des catholiques ?
Les Bernardins sont un lieu qui permet à l’Eglise de s’incarner dans le visible. Sa beauté renvoie à quelque chose de grand et de profond. Le fait qu’on y accueille tous ceux qui sont prêts au dialogue fait que ce lieu a été accepté comme lieu d’écoute et de proposition, donc de visibilité.
Les Bernardins ont-ils trouvé leur public ?
La réponse est assez étonnante et donne du courage. Ça n'était pas gagné au départ, et