De son jilbeb, ce long voile anthracite qui l'enveloppe de la tête aux pieds, n'émerge que son visage souriant. En ce samedi matin, ça n'est pas encore la cohue au parc des expositions du Bourget, près de Paris, qui accueille (jusqu'à ce lundi midi) la 28e édition du rassemblement de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF). La jeune femme quitte une minute le stand d'Ariij, petite entreprise familiale de prêt-à-porter musulman, pour discuter. La semaine, elle est chargée des relations clientèle chez le principal groupe énergétique français. «Je porte un pantalon large et une tunique, j'enlève mon foulard sur le parking, et je mets un petit bandana.» Elle travaille dans un environnement mixte mais ne serre pas la main à ses collègues hommes, ni ne leur fait la bise.
La patronne d'Ariij dit son âge, 38 ans, mais pas son prénom ni son nom. Elle est Française, mais se «sent mal» dans ce pays où sa religion lui semble montrée du doigt. Elle n'exclut pas de porter, un jour, le niqab. Pas ici, mais «dans un pays où il y a la charia [loi islamique, ndlr]». «En France, on prend le parti d'être discrètes.»
Châle. Hizia, 29 ans, fonctionnaire à la Sorbonne, d'origine algérienne, flanquée de sa mère, feuillette un livre. Elle arbore (pour l'occasion) un châle violet noué à la manière touareg, autour de la tête. Elle aussi se sent «agressée par ce débat sur la laïcité centrée autour des musulmans» : «Nous sommes une