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La sécurité au risque du dérapage

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Ben Laden: Al-Qaeda décapitéedossier
L’arsenal répressif a été renforcé en France et au Royaume-Uni, instaurant une justice d’exception.
publié le 3 mai 2011 à 0h00

«Avant le séisme du 11 Septembre aux Etats-Unis, tous nos islamistes français ou algériens qui voulaient aller en Afghanistan se former passaient par Londres, par la mosquée très radicale de Finsbury Park dans ce quartier qu'on a surnommé Londonistan, chez nos amis britanniques qui fermaient les yeux», rappelle un haut responsable de police chargé de la lutte antiterroriste à Paris. «Après, tout a changé.» Du tout au tout.

Car, après le 11 Septembre, le Royaume-Uni «passe brutalement d'une indulgence coupable à une justice d'exception», écrit le juge Marc Trévidic dans son livre Au cœur de l'antiterrorisme (1). Dès le 14 décembre 2001, une loi aux antipodes du système judiciaire britannique entre en vigueur. Cet Anti-Terrorism, Crime and Security Act autorise le pouvoir exécutif à détenir pour une durée illimitée, sans enquête ni procès, tout étranger suspecté de se livrer à des activités liées au terrorisme, sauf s'il accepte de retourner dans son pays.

Trois ans plus tard, les gardiens de l'orthodoxie du droit au Parlement britannique sabrent ce texte contraire à la Convention européenne des droits de l'homme. Une nouvelle loi, moins liberticide, est promulguée. Mais elle reste musclée, «et plus dure que la nôtre en France, selon le juge Trévidic, puisque le fait de s'associer à un groupe terroriste référencé comme tel et qui prépare une action suffit pour devenir criminel ou complice de l'acte».

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