Le préfet Bernard Squarcini, patron des policiers de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), considère que la mort d'Oussama Ben Laden risque d'entraîner «des représailles» de la part de groupes comme Aqmi (Al-Qaeda au Maghreb islamique). A ses yeux, la menace terroriste «monte d'un cran» en France et contre les intérêts français à l'étranger.
Que représentait Ben Laden ces dernières années, une vieille icône ou un leader du jihad ?
Ben Laden est un symbole ayant évolué depuis le 11 Septembre, qui lui a donné un charisme et une légitimité opérationnelle parce qu’il est le premier à avoir frappé les Etats-Unis sur leur territoire. A la veille de sa mort, Ben Laden avait une aura et une légitimité pour plusieurs groupes éparpillés sous les franchises qu’il avait dictées. Sur le plan opérationnel, il existait encore à travers des communiqués sporadiques et irréguliers. Tout le monde le disait dans des grottes des Zones tribales, un mythe s’est forgé. L’opération américaine a démontré le contraire et démonté le mythe.
Que risque de provoquer sa disparition pour les groupes d’Al-Qaeda ?
Personne n’a la légitimité pour reprendre immédiatement sa succession. Car ce qu’il a créé reposait sur sa personne. Donc, il y a un risque d’autonomisation des différents groupes et un risque de surenchère entre eux. La mort de Ben Laden est un beau succès américain sur le plan du renseignement, de son exploitation et de sa traduction opérationnelle, même s’il intervient au bout de dix ans de traque. Mais le jihad ne s’arrête pas là. Ben Laden a essaimé durant ces dix années, et a suscité bien des vocations. Les risques