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Libération

Si DSK était confronté à la même affaire en France

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Justices américaine et française ne divergent pas que dans les termes utilisés. Une magistrate explique.
par Florence Bru, (magistrate)
publié le 21 mai 2011 à 0h00

Quel aurait été le sort de Dominique Strauss-Kahn si les faits qui lui sont reprochés s'étaient déroulés au préjudice d'une employée d'un hôtel de luxe parisien? Aux termes «Inculpé Libéré», qui faisaient la une de Libération vendredi, on pourrait substituer ceux de «mis en cause et libre» ou «mis en examen et détenu provisoire», et élaborer d'autres scénarios. En n'oubliant pas que nous débattons de faits dont on ignore la véracité.

La justice française traite au quotidien de multiples plaintes pour viols ou agressions sexuelles, déposées par des femmes dans des commissariats ou des gendarmeries, soit immédiatement après les faits, soit quelques jours plus tard, parfois même des années après. La démarche est difficile. Elle suppose une dose de conviction, la force de venir raconter son histoire et de dévoiler une part de son intimité, pour voir s’enclencher une procédure judiciaire. Un parcours long, difficile, nécessaire, mais pas toujours salutaire pour ces femmes.

La première étape se déroule sous le contrôle du procureur de la République, qui dirige l’enquête pénale. C’est dans les locaux des enquêteurs que la plaignante aurait été auditionnée et se serait éventuellement constituée partie civile. Déplacement sur les lieux en cas de survenance récente des faits, prélèvements nécessaires à «la manifestation de la vérité», audition de témoins, examen psychologique de la plaignante…

L’audition en soi suppose du temps, a fortiori quand le mis en cause est un h