L'affaire Karachi opère un renversement étonnant. Premier magistrat à avoir instruit le dossier, l'ancien juge Jean-Louis Bruguière se voit désormais accusé par les familles des victimes, représentées par Me Olivier Morice, de faux témoignage et d'entrave à l'exercice de la justice.
Pourquoi un vieux rapport d’autopsie ?
Jean-Louis Bruguière est mis en cause pour avoir caché un rapport d'autopsie datant de mai 2002, soit quelques jours après l'attentat de Karachi qui a causé la mort de onze Français. Rédigé par deux experts français, Dominique Lecomte et Walter Vorhauer, ce rapport remettait en cause la thèse de l'attentat kamikaze, alors privilégiée par les autorités pakistanaises, puis par Bruguière. L'autopsie du suspect de l'attentat kamikaze à la voiture piégée établissait que «le sujet était en position debout». Une situation incompatible avec la conduite d'un véhicule.
Bruguière a-t-il eu accès à ce rapport ?
Officiellement, ce rapport a attendu le 25 mars dernier pour être inclus dans le dossier d'instruction, jour où le juge Marc Trevidic, qui a repris l'affaire après Jean-Louis Bruguière, entend Dominique Lecomte. Mais l'experte raconte avoir transmis le rapport dès 2002 à Bruguière. Interrogé par Trevidic le 16 mai, l'ancien magistrat dément. «Je suis formel, elle ne m'a pas remis ce rapport», déclare-t-il. Mais le 8 juin, l'autre expert, Walter Vorhauer, remet au juge une copie de la réception de