On assiste ces jours-ci à un numéro d’illusionnisme assez spectaculaire autour de la malheureuse île Seguin de Boulogne-Billancourt. Le magicien s’appelle Jean Nouvel, il est architecte et doué pour vendre au chaland les projections de sa lanterne magique.
A la demande du maire de la ville, Pierre-Christophe Baguet, il a dessiné un projet d'«île de la culture», avec un tiers de surfaces pour cette activité (110 000 m2) et deux autres tiers pour des bureaux. Répartis en cinq tours d'une quarantaine d'étages. Au total, 335 000 m2, sur un haricot de 11 hectares (un petit parc). Un quartier de bureaux en somme. Et bien tassé, avec ça.
Alors que la modification du plan local d'urbanisme doit être votée aujourd'hui, les riverains hurlent. Et Nouvel les renvoie à leur inculture crasse. Invité sur France Inter hier matin, il a ressorti le couplet de l'architecte qui «se fait flinguer dès qu'on veut construire quelque chose». Les habitants sont trop bêtes pour comprendre que «la densité est écologique», que l'île aura «un skyline travaillé», que les tours sont des «châteaux», au sens de ces superstructures qui dominent fièrement le pont des navires.
On a beau admettre que le métier de l'architecte consiste aussi à savoir vendre ses projets, on n'est pas obligé d'accepter le baratin. Car derrière ses expressions imagées, Jean Nouvel masque l'acteur principal du numéro, le maire. Baguet, ex-UDF et tôt rallié à l'UMP, fit c