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Libération
TRIBUNE

La bactérie tueuse, la ferme biologique et l’opinion publique

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par Francis-André WOLLMAN et Jean-François Briat
publié le 27 juin 2011 à 0h00

Pendant près de deux mois, les citoyens européens ont vécu au jour le jour, par l’intermédiaire de tous les médias, l’évolution d’une épidémie de gastro-entérite qui a sévi essentiellement dans le nord de l’Allemagne. Son évolution vers un syndrome hémolytique et urémique touchant près de 1 000 personnes a causé la mort de 43 d’entre elles. Le 10 juin, l’origine de l’épidémie a été identifiée et l’affaire a brutalement quitté la scène médiatique. La cause de cette crise sanitaire était due à l’infection, par une souche pathogène de la bactérie E.coli, de graines germées produites par une ferme pratiquant l’agriculture biologique.

L’ampleur de la dimension médiatique de cet épisode, comme sa soudaine clôture, révèle la fonction sociale préoccupante de «l’opinion publique». Son impossible définition conduit à anticiper l’émotion, forcément légitime, des populations, à redouter le spectre d’une censure de la décision politique. Voilà qui compromet une bonne gestion par la puissance publique de crises sanitaires - et sans doute des crises tout court -, tant la question du risque et de sa gestion raisonnée devient inaudible dans les sociétés européennes. Imaginons le traitement médiatique et l’émotion de l’opinion publique si on avait dénombré 43 morts à l’issue d’une intoxication chimique par un mauvais usage de produits phytosanitaires ou, pire encore, d’une intoxication par un produit issu d’une filière OGM. Loin de s’éteindre avec l’identification de la source de la crise sani