«Quand on leur annonçait qu'on n'irait pas dans la cour mais qu'on resterait dans la classe pour la récréation, les enfants nous disaient : "Maîtresse, c'est à cause des voyous ?"Et lorsque l'hélicoptère de la police tournait au-dessus de nous, c'était l'excitation. On se demande si nous n'avions pas plus peur que nos élèves, comme s'ils étaient déjà un peu habitués…» Marie et Noémie, qui ont tenu à garder l'anonymat (1), sont enseignantes à l'école Montaigne de Sevran (Seine-Saint-Denis) où, au début du mois de juin, les enfants n'ont pas pu sortir en récréation à cause des tirs qui résonnaient tout autour. Depuis, la vie a repris son cours normal, ou presque. Mais cela laisse des traces. «L'école devrait être un lieu rassurant, ce n'est plus le cas», soulignent les deux enseignantes. L'école n'est plus depuis longtemps ce «sanctuaire» où les enfants venaient apprendre, hors des soubresauts du temps. A Montaigne, un établissement de 600 élèves, comme dans tous ceux situés dans les quartiers difficiles, les difficultés sociales, avec une paupérisation accélérée et une délinquance en hausse, franchissent les murs. Et l'Education nationale apparaît impuissante à résoudre, seule, des problèmes qui la dépassent.
Mitraillettes Uzi. Après l'envoi de CRS et les visites très médiatisées du ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, et du préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert, les affrontements entre bandes rivales se disputant le contrôle du t