La Dr Christine Saura dirige le département des maladies infectieuses à l'Institut de veille sanitaire (INVS). Elle fait le point sur les épidémies liées à la bactérie Escherichia coli, qui a fait 50 morts, dont 48 en Allemagne.
Qu’y a-t-il à comprendre de ces épidémies en série, liées à la bactérie E. coli ?
Il ne faut pas tout mélanger. Il y a eu l’épidémie en Allemagne, absolument inédite par son ampleur et sa gravité : près de 4 000 cas, avec plus d’un millier sérieux, et une cinquantaine de morts. Par le hasard des circonstances, il y a eu celle peu après dans le Nord-Pas-de-Calais, où très rapidement ont été mises en avant la souche et la cause, à savoir des steaks hachés. En dépit de sa concomitance, cette épidémie n’a rien à voir avec celle qui s’est déroulée en Allemagne. Ce n’est pas la même souche, et nous sommes là dans une épidémie relativement classique, que l’on connaît, qui peut survenir tous les trois, quatre ans. La dernière a eu lieu en 2005, avec 17 cas. Ce sont des épidémies avec un faible nombre de cas, concernant essentiellement des enfants.
Et il y a l’épidémie survenue dans la région bordelaise…
Oui. Nous venons de découvrir qu’il s’agit de la même souche que celle à l’origine de l’épidémie allemande. D’où notre surprise, et notre inquiétude, car la souche allemande (O-157 H57) est tout sauf anodine. Elle est très virulente, atteint surtout les adultes (plus de 80%), et provoque donc, dans plus de 25% des cas, des symptômes cliniques extrêmement graves.
Mais comment passe-t-on d’Allemagne à Bordeaux ?
Nous ne le savons pas et nous n’avons que des hypothèses. Est-ce la graine qui est en cause ? Ou bien est-ce lors de l