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Libération
Éditorial

L’enfant, une personne

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publié le 2 juillet 2011 à 0h00

Avec Zéro de conduite et If, respectivement réalisés par Jean Vigo et Lindsay Anderson, les révoltes d'enfants ont trouvé leurs meilleures illustrations cinématographiques. Inoubliables scènes d'horreurs infligées par un système et une discipline de fer à des gamins paralysés par la peur, jusqu'à ce que plus rien ne les arrête : ils n'ont rien à perdre, sinon la vie, et la leur ne vaut pas d'être vécue. En 1911, réduits à l'état d'esclaves, les orphelins de Quarré-les-Tombes mouraient sous les mauvais traitements. Ils ont fini par avoir la force de se révolter et gagner devant les tribunaux contre leurs tortionnaires.

L'histoire de ces orphelins est tombée dans l'oubli. Elle marque pourtant un tournant dans le regard porté par les adultes sur les mineurs. Avant que Françoise Dolto ne se charge d'imposer l'idée que «le bébé est une personne», des lois ont aboli le travail des enfants, la scolarité obligatoire a prolongé leur adolescence, leur a donné le temps de sortir de l'enfance sans passer aussitôt au rôle d'adulte qu'ils endossaient très jeunes.

En reconnaissant un statut propre aux adolescents, les sociétés occidentales ont admis leurs responsabilités dans le traitement et l'avenir qu'elles devaient destiner à cette catégorie de la population. Reste à définir l'âge ultime d'un adolescent. En 1999, dans Eloge de l'amour, Godard se demandait ce qu'est un adulte. Le nombre des années n'est pas le marqueur le plus fiable. Il est tentant de