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Libération

La foire au patrimoine

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publié le 2 juillet 2011 à 0h00

Approchez mesdames et messieurs, admirez la marchandise… Palais nationaux, façades classées, monuments historiques, musées, rien que des emplacements de rêve pour votre activité commerciale ! Fini le pas-de-porte ordinaire, installez-vous à l’Opéra de Paris, à la Cité des sciences de La Villette, au Louvre, à Versailles. De l’ambition, que diable… Allez-vous vous contenter de montrer vos produits sur des abribus ? Bien sûr que non. Osez la grande bâche tendue sur les monuments classés en travaux. Sur 600 mètres carrés, soyez certain que votre flacon de parfum va péter. On a un client qui nous a mis une montre : elle était grande comme un hangar. Imaginez l’impact…

Tel le camelot à la foire, l’Etat impécunieux racole la clientèle. Il exploite des mètres carrés dont la rentabilité était encore insoupçonnée il y a vingt ans. Il finance ses onéreux nettoyages de façades protégées en permettant à l’industrie du luxe d’accrocher des visuels géants sur les échafaudages. Il est vrai que concéder une rotonde du palais Garnier pour un restaurant à 60 euros par tête et un Martini Bar est plus rémunérateur pour les recettes de l’établissement public que d’améliorer la consternante buvette du foyer.

D'ailleurs, au Louvre, il existe une boutique à la sortie de la Grande Galerie, de sorte que les foules qui sont passées devant la Joconde puissent faire une emplette avant même d'atteindre la sortie. Quant aux macarons Ladurée, depuis qu'ils sont apparus dans le Marie-Antoinette