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Libération

La justice américaine, un «jeu d’échecs»

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Le principe du «doute raisonnable» rend nécessaire pour l’accusation une forte crédibilité de la victime.
publié le 2 juillet 2011 à 0h00

Une arrestation rocambolesque, des photos de menottes, un rebondissement spectaculaire. La justice américaine n'échappe pas non plus à son procès - encensée ou vilipendée. Les poursuites contre Dominique Strauss-Kahn reposaient en grande partie sur le témoignage de Nafissatou Diallo. Sa crédibilité mise en cause, tout pourrait s'effondrer. «Quand la parole de l'accusatrice sur laquelle repose l'essentiel des poursuites n'est plus crédible, pire, quand le procureur ne croit plus en elle, il n'y a plus de procès possible», assure Me Ron Soffer, avocat aux barreaux de Paris et de New York.

Ce qui semble une évidence juridique là-bas peut choquer ici. «Le fait déterminant - s'il est confirmé - est que la jeune femme aurait menti, notamment en affirmant à la police avoir obtenu l'asile après avoir été violée, poursuit Ron Soffer. Comprenez bien : la procédure américaine est un jeu d'échecs. La question n'est plus de savoir si elle a été violée, mais : "Est-ce qu'en poursuivant Strauss-Kahn le procureur a des chances de gagner ?" Si sa culpabilité ne peut être prouvée, il doit abandonner les poursuites, ce qui ne voudra pas dire que la femme n'a pas été agressée.»

«Eponge». La journée de vendredi a été une théâtrale illustration de la procédure accusatoire américaine. Le procureur y instruit à charge, les avocats de la défense à décharge. Le juge est un arbitre. «On parle d'une procédure "face to face", note Alain Mikow