Elle se tient un pied devant l'autre, petite danseuse bien campée, tremblant à peine. Lisa (1) a 15 ans, une vie de polar macabre, un calme et une force qui sidèrent la salle. Encore une fois, face à la cour d'assises de Nîmes, elle raconte son «cauchemar». «Mon papa prend un couteau, il le plante dans le cou de ma maman. Ma maman tombe par terre sur le dos et le sang coule par terre. Ça fait une grosse flaque.» Ce rêve qu'elle a longtemps gardé secret, Lisa l'a fait des dizaines de fois. Il y a des variantes, un spectateur en blanc est parfois là.

Terreur. La «maman» de Lisa, Djamela, a disparu en août 1998 sans que personne ne s'en soucie. La petite avait 2 ans. Son «papa», Christian Carrié, est là, à côté d'elle. Assis dans le box des accusés. Il comparaît, treize ans plus tard, pour le meurtre de son ex-compagne. A l'issue de trois jours d'audience, il a été condamné vendredi à trente ans de prison.

«Tu sais que ce n'est pas à cause de ce cauchemar que ton papa est en prison», tente la présidente. L'enfant la regarde, elle a appris, plus tôt que les autres, qui ment et quand. Elle sourit : «Oui, mais ça a quand même fait bouger les choses.»

L'histoire remonte au milieu des années 90. Djamela, jeune fille perdue à l'enfance ballottée de famille d'accueil en foyer rencontre Christian, un «homme de la campagne» de 15 ans son aîné. Ils s'installent à Avèze, petit village du Gard. Dans une m