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Libération
TRIBUNE

Délirante loi sur les soins sans consentement

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par Daniel Zagury, Psychiatre des hôpitaux et Gilles Vidon, Psychiatres des hôpitaux
publié le 12 juillet 2011 à 0h00

Nous l’avons suffisamment répété, la loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, qui vient d’être votée par le Parlement, est rigoureusement inapplicable en l’état. La plus grande difficulté concerne le rôle du juge des libertés et de la détention : il doit voir tous les patients dans les dix jours de leur admission pour s’assurer du bien-fondé et de la légalité des hospitalisations sans consentement (70 000 à 80 000 hospitalisations par an). Les assemblées ont laissé ouvertes trois possibilités : l’audience au tribunal, l’audience par visioconférence et l’audience à l’hôpital dans une salle dédiée.

Cette dernière solution, la plus logique (et de très loin la moins coûteuse pour les finances publiques), est également la plus respectueuse de la dignité du malade. Rappelons que celui-ci se trouve en début d’hospitalisation, donc encore en crise ou au minimum très déstabilisé. Or cette possibilité est refusée par les magistrats pour une question de moyens mais aussi de symbole, de respect des conditions de l’audience. Ils disent être prêts à accueillir les patients au tribunal mais ne semblent pas tout à fait en réaliser les effets. Il y a maldonne, contresens, erreur absolue ! Ne nous disputons pas, symboles contre symboles, manque de moyens contre manque de moyens, dignité de l’audience contre dignité du malade. Quel est le directeur d’hôpital ou le psychiatre des hôpitaux digne de ce nom qui se risquerait à organiser chaque jour le transport collectif et l’encadrement