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TRIBUNE

Loi de bioéthique 2011 : un bien mauvais cru

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publié le 12 juillet 2011 à 0h00

C’est fait : vous n’entendrez plus parler de bioéthique avant au moins sept ans ! C’est ce qu’a décidé le sage législateur, qui, après trois décennies d’intenses consultations et débats, a décidé de maintenir tel quel le modèle bioéthique à la française avec les félicitations du jury (comprenez : les parlementaires dans leur ensemble, droite et gauche presque la main dans la main).

Relevons un changement, un détail en apparence, moins anodin qu’il n’en a l’air cependant, car il signe une dérogation au dogme français du don de gamètes dont la France se prévaut comme un brevet d’éthicité. Codicille d’autant plus significatif qu’il a été quasiment passé sous silence et peu discuté au Parlement.

Le modèle français du don - un quasi-dogme, non discutable - était régi depuis trente ans par trois principes cardinaux : l’anonymat, la gratuité et le don de couple à couple. Ce dernier principe - le seul véritablement fondé à notre sens, les deux autres ne se fondant que sur des opinions - reposait, en termes psychologiques, sur l’empathie qu’un homme ou une femme (pères ou mères de famille eux-mêmes) pouvaient ressentir face à la détresse de couples sans enfants ; ce qui constituait une motivation majeure pour accepter, en accord avec leurs conjoints (dont la signature était requise avant le don), de donner leurs gamètes de manière gratuite et anonyme. Précaution de bon sens destinée à protéger des donneurs de gamètes jeunes et sans enfants d’un regret ultérieur si, plus tard, ils devai