Jadis adulé pour son combat contre les poseurs de bombes, aujourd'hui poursuivi pour «faux témoignage» et «entrave à la justice», l'ex-magistrat Jean-Louis Bruguière, alias «L'Amiral» ou «JLB», a vu son destin basculer le 16 mai 2011. Ce jour-là, à 15 h 30, «Le Juge», celui qui a incarné aux yeux du monde entier la lutte antiterroriste en France, est convoqué par son successeur, Marc Trévidic, dans son bureau ultrasécurisé de la galerie Saint-Eloi, au Palais de justice de Paris. Comme un vulgaire suspect. C'est le monde à l'envers ! Le «petit» juge Trévidic, 45 ans, ose demander des comptes au vieux mastodonte de 68 ans sur l'escamotage d'une pièce du dossier de l'attentat de Karachi.
Voilà quatre ans que le magistrat breton a hérité du cabinet d'instruction de Bruguière. Ce dernier était alors en congé sabbatique pour se lancer en politique sous la bannière de l'UMP dans le Lot-et-Garonne. Une reconversion qui a tourné court : l'aspirant député s'est ramassé (47,7% des voix dans une circonscription de droite) après avoir fait sa campagne sur le thème de l'insécurité. Il avait comparé Villeneuve-sur-Lot à Chicago et organisé un débat avec un flic américain du FBI… Après cet échec, Bruguière a préféré se retirer de la magistrature et Marc Trévidic a commencé à labourer de vieux dossiers laissés en jachère. A force d'opiniâtreté, il a ainsi réussi à débusquer au Canada l'auteur de l'attentat contre la synagogue de la rue Copernic en 1980. Et découvert de nombr