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La belle et le pillard

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Michel et Délhia LEPAGE. L’ex-chef du «gang de la banlieue sud» et sa compagne courtière dans l’immobilier sont liés depuis vingt ans.
publié le 26 juillet 2011 à 0h00

Un dimanche de juillet 2010, dans son appartement cossu des Hauts-de-Seine. Les petits-enfants de Michel Lepage, 65 ans, ex-chef du «gang de la banlieue sud» de Paris, issu du triangle Vitry-Ivry-Villejuif du Val-de-Marne, zappent sur la télé à écran plat qui jouxte le piano à queue de sa compagne, Délhia, quand ils tombent sur un reportage consacré à son évasion en hélicoptère de la prison de Bois-d'Arcy, à l'automne 1992 : «Pépé, mais c'est pépé ! Pépé, c'est toi à la télé.» Les cris des gamins troublent Michel Lepage en plein travail avec Délhia, Kabyle de quinze ans sa cadette, qui est aussi sa femme d'affaires. Courtière en crédits immobiliers, son amoureuse l'a embauché à 1 458 euros par mois pour accélérer sa libération conditionnelle obtenue le 6 avril 2009.

Lepage a eu le temps de se former à «la gestion informatique», en vingt-trois ans de prison. Pour trafic de stupéfiants ou enlèvement, jamais pour vols à main armée. C'était pourtant sa spécialité, le braquage : usines, banques, bijouteries, fourgons… Pas vu, pas pris. Trahi par la télé, photos à l'appui, le grand-père aux faux airs de Dominique Strauss-Kahn doit s'expliquer. Les gamins s'en fichent de lire le «roman» qu'il prépare, exigent la vérité. Lepage raconte alors qu'il volait «pour l'argent» mais «qu'il ne faut pas faire ça, on finit en prison» : «Ils m'ont convaincu de recentrer mes écrits sur ma vie de gangster, de raconter sincèrement ce qu'elle a été.»<