Le détenu voisin a donné l’alerte. Le dimanche 7 août, à 4 h 30, la nuit est encore noire sur Fort-de-France quand Pierre-Just Marny dit adieu à la vie. La veille, il a fêté ses 68 ans dans la tristesse. Après avoir noirci les neuf pages de sa lettre d’adieu, le plus ancien prisonnier de France s’en va. Les matons du centre pénitentiaire de Ducos (Martinique) le trouveront assis, le cou serré par une corde de draps.
Président du comité de soutien de Marny, Félix Vert-Pré vend aujourd'hui des tee-shirts pour payer les funérailles de la «panthère noire». Gamin instable d'une famille pauvre, il côtoie la rue à sa sortie du CM2, sans savoir ni lire ni écrire. Vols de voitures et trafic de pneus, le vakabon («voyou» en créole) prend l'autoroute de la délinquance. A 19 ans, il prend deux ans ferme, peine alourdie car l'insolent n'a balancé personne. Pas pour l'honneur, mais pour palper le butin à sa sortie.
La vie de Marny bascule ici, le 2 septembre 1965. Ses anciens frères d’armes ont la mémoire qui flanche. Marny n’aura rien, pas même un coup de main pour tenter sa chance à Paris. Impulsif, du genre à réfléchir après coup, il s’arme d’un fusil et part en quête de vengeance. Sa folie meurtrière le conduit au bain de sang : trois morts, dont un bébé de 3 ans, et quatre blessés.
Clé anglaise. Placé en détention, il s'évade et vit neuf jours de cavale. Le 19 octobre 1965, encerclé, Marny ne se rend pas. Pour avoir refusé de se coucher devant les policiers, tr