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TRIBUNE

Quand Marianne revient en France, elle passe par les cités

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Le débat n’est pas clos 9/10 Chaque jour, retour sur un événement de l’année
par Dorit Shilo
publié le 11 août 2011 à 0h00

Marianne est une belle femme à la peau blanche. Elle a un corps bien charpenté et des yeux de braise. Sa tête est coiffée d'un bonnet phrygien : celui que les esclaves affranchis portaient dans l'Antiquité et qui devint pendant la Révolution un symbole de libération politique. Au XVIIIe siècle, on avait coutume d'aller chercher dans le passé lointain les symboles allégoriques.

Dans les jours qui suivirent la prise de la Bastille, cette figure suscita l'enthousiasme des Français et réussit à incarner les fondements de la République : liberté, égalité, fraternité. Marianne passa l'épreuve des ans et sa popularité ne cessa de croître. Elle apparaît sur les pièces de monnaie et sur les timbres, sa statue trône dans les squares, les écoles, les administrations et les mairies. Aux yeux des Français, Marianne n'est pas seulement le symbole passé de la liberté et de la Révolution, elle représente la nation, l'Etat et la société nouvelle qui en résulte. Personne ne sait réellement à quoi elle ressemble. Elle a connu de nombreux visages dans la peinture, la sculpture ou la chanson. Un des portraits les plus connus de Marianne occupe une place de choix dans la Liberté guidant le peuple, le tableau où Eugène Delacroix la représente coiffée du bonnet et la poitrine dénudée, un fusil dans une main et le drapeau français dans l'autre.

La question «qui es-tu, Marianne ?» ne cessa de préoccuper les Français. Sa force ne réside ni dans les traits de son visage ni dans les fo