Nadir Dendoune, journaliste à France 3 et originaire de Seine-Saint-Denis, «voit pas mal de similitudes entre les émeutes britanniques et celles, françaises, de 2005». Comme s'il y avait une certaine compassion dans les banlieues françaises à constater qu'ailleurs aussi ceux qui se sentent laissés pour compte peuvent sortir de leurs gonds. Même si «la comparaison a ses limites, le mode d'expression utilisé et le déclassement social des personnes impliquées dans les troubles se ressemblent à s'y méprendre», explique l'auteur du livre Un tocard sur le toit du monde (1).
Rassoulou Sow, 27 ans, chômeur et habitant des Mureaux (Yvelines), place aussi le débat sur le terrain social : «C'est terrible ce que je vais dire, mais ça me fait presque du bien de voir que ça arrive aux Britanniques. A chaque fois, on prend le modèle anglo-saxon comme exemple, mais tout n'y est pas rose. Je me sens proche des jeunes qui expriment leur colère. Nos vies sont trop frappées par l'injustice sociale. Il y en a marre que ce soit toujours les mêmes qui trinquent.» Nadir Dendoune insiste sur le capitalisme «outrancier en Grande-Bretagne». «Là-bas, c'est marche ou crève. Une différence notable, toutefois, c'est la composition du tissu urbain. En France, quand ça pète en banlieue, les "bourges" s'en foutent, ils vivent dans le XVIe (arrondissement de Paris) et ne sont pas touchés. Ce qui est spectaculaire avec Londres, c'est que ça crame en centre-ville.»
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