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Libération
Récit

Avec la carte d’identité électronique, la peur du fichage généralisé

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Encore en discussion, la proposition de loi controversée entend lutter contre les escroqueries.
publié le 24 août 2011 à 0h00

Elle connaît presque tout de vous, de la (vraie) couleur de vos yeux jusqu'à la plus intime de vos bizarreries génétiques. Pas encore adoptée, la carte nationale d'identité électronique est bien plus que le bout de plastique turquoise toujours délivré par votre mairie. Votée en catimini par onze députés (sur 577) en première lecture aux premiers jours de juillet, cette carte devrait, selon ses partisans, mettre un coup d'arrêt au fléau de l'usurpation d'identité. Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, soutient l'idée au motif qu'elle entre dans une «dynamique européenne» : plusieurs pays de l'Union européenne, dont l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Suède et la Belgique, l'ont déjà adoptée. Ses opposants y voient plutôt une violation des libertés individuelles.

Le «fléau» de l'usurpation d'identité serait estimé à 200 000 cas en 2009, selon Claude Guéant, qui s'appuie sur une lecture personnelle d'une étude du Crédoc (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie).Alors que le ministère de la Justice, lui, n'a recensé que 11 621 condamnations en 2009. A l'appui de son texte, le rapporteur UMP Philippe Goujon cite les «conséquences dramatiques» pour les victimes, démunies face à un fantôme qui commet des infractions en leur nom. Son collègue sénateur du Nord, Jean-René Lecerf, va plus loin : «Il faut être débile pour se risquer à braquer des banques alors qu'en fouillant t