La nouvelle va faire trembler dans les cabinets médicaux. Pour se couvrir, le laboratoire Servier a décidé de s’attaquer, lors des procédures civiles, aux praticiens qui ont prescrit du Mediator en dehors de son indication officielle. Alors que l’autorisation de mise sur le marché (AMM) réserve le Mediator aux patients atteints de diabète ou d’hypertriglycéridémie, de nombreux médecins l’ont donné comme coupe-faim pour faire maigrir. 77% des prescriptions sont concernées, selon une étude publiée le 8 août par l’Agence française du médicament (Afssaps).
«Responsabilité». Selon nos informations, la première offensive de Servier vise le docteur F., une endocrinologue qui a prescrit du Mediator à Mme V. Les experts désignés par la Commission régionale de conciliation et d'indemnisation (CRCI) du Rhône ont jugé sa valvulopathie liée au Mediator. Mais, dans son mémoire en défense établi en février et que Libération s'est procuré, Servier demande à la CRCI de «conclure à la responsabilité du Dr F. dans la production du dommage», parce qu'elle aurait prescrit le médicament à sa patiente «pour le traitement de son obésité». «Elle n'a pas prescrit hors AMM, ce que confirment des éléments de l'expertise», réplique son avocat, Laurent Bertin. L'affaire sera examinée le 13 septembre par le tribunal de Nanterre. L'avocat de la victime, Charles Joseph-Oudin, va réclamer 120 000 euros au labo. Qui pourrait, en cas de défaite,