Menu
Libération
Analyse

Le diabète, «un choix infiniment plus rentable pour les labos»

Article réservé aux abonnés
Le professeur Jean Charpentier, qui a rédigé des expertises pour Servier, a expliqué aux juges la transformation du coupe-faim en antidiabétique.
publié le 6 septembre 2011 à 0h00

Jean Charpentier, retraité de 81 ans, est un témoin clé. Ce neurochirurgien, neuropsychiatre et docteur ès sciences, a travaillé à partir de 1968 comme chercheur puis «conseil scientifique» pour Servier. Surtout, c'est lui qui a rédigé les trois expertises pharmacologiques utilisées en 1973 par le labo pour demander l'autorisation de mise sur le marché (AMM) du Mediator comme antidiabétique. Autorisation qui sera délivrée l'année suivante par le ministère de la Santé. Auditionné le 28 juillet par les trois juges d'instruction en charge de l'enquête, il a indiqué que, afin d'obtenir l'AMM, ses deux expertises ont été expurgées des passages mentionnant le fait que le Mediator était un anorexigène (coupe-faim) dérivé de l'amphétamine. Il révèle que dès le début Servier a trompé les autorités sanitaires afin de pouvoir commercialiser le Mediator. Extraits.

Des études caviardées

Charpentier assure qu'il ne savait pas que la molécule S992 (un nom de code) sur laquelle il a travaillé à l'époque était devenue le Mediator. «J'avoue que ça m'a beaucoup étonné de voir le Mediator sortir comme antidiabétique car ça n'a rien à voir ni sur le plan expérimental ni sur le plan clinique.» Pourtant, les expertises qu'il a signées disent le contraire.

Le médecin a en fait réalisé la synthèse d’autres études scientifiques menées pour Servier par d’autres chercheurs. Or les juges, qui ont saisi ces documents originaux, ont démontré que des passages de ces études a

Les plus lus