Le 14 avril, les gendarmes débarquent au domicile toulousain de Jacques Duhault, 78 ans, pharmacien retraité et ancien directeur du laboratoire «diabète et obésité» chez Servier. A ce titre, il a réalisé dans les années 60 des études sur l’effet du Mediator sur les animaux. En fouillant son ordinateur, les enquêteurs découvrent qu’un chercheur de la firme a demandé de l’aide à Duhault pour riposter au rapport publié en janvier par l’Igas (Inspection générale des affaires sociales), accablant pour Servier. Et il a accepté.
«Parti». «J'ai travaillé longtemps dans cette maison où je me suis plu. […] Je ne suis pas ingrat», expliquera-t-il aux juges. Mais l'ex-chercheur a gardé son indépendance d'esprit. Dans sa réponse envoyée par mail à Servier, il salue le rapport «bien fait» de l'Igas, même s'il le juge «un peu partisan» et dit qu'«on peut regretter que [Servier] n'ait pas arrêté le produit en 1999 au nom du principe de précaution…»
Duhault envoie également à Servier une note intitulée «Benfluorex Story» (l'autre nom du Mediator) qui raconte la genèse du médicament. Il écrit : «Bonjour, je vous envoie ma copie, elle est pharmacologiquement correcte mais est-elle dans la ligne du parti ????»
Elle ne l'est pas vraiment. Duhault explique que Servier a modifié des anorexigènes dérivés de l'amphétamine dans l'espoir de créer un antidiabétique. Mais «cette stratégie a conduit à des produits inactifs ou peu actifs sur l